PARTIE MATHILDE

L'évolution des concepts de l'alcool.

           

1) Une consommation d’alcool contrastée depuis le début de la Révolution industrielle.     


            L’alcool est l’un des plus anciens produits à effets psychiques et euphorisants. Sa consommation rituelle, conviviale et festive, remonte à l’Antiquité. Mais au fil des siècles, son image aura bien évolué. 


A) Les conflits autour de l'alcool et l’essor du phénomène d’alcoolisation au début du XIXème siècle.

         A partir du XIXème siècle, la Révolution industrielle apporte de nouveaux procédés de production d’alcool, le rendant plus banal et surtout moins cher.

          A cette époque, consommer de l'alcool est jugé comme une source de trouble social. L'ivresse est ainsi souvent mise aussi en images comme signe d'un échec masculin, social, amoureux, ou également comme source de violences. L'histoire du XIXème siècle est à ce titre révélatrice de cette ambivalence.
D'un côté, on retrouve la bourgeoisie du XIXème siècle et ses excès (par exemples, le cigare, les savoirs gastronomiques et oenologiques qui sont les signes de la réussite économique financière, politique, …), et d’un autre, alors qu'elle invente la gastronomie et l'oenologie, cette même bourgeoisie adhère massivement au mouvement anti-alcoolique : l'alcoolisme est un fléau grossier, prolétaire et produit par de mauvais alcools industriels qui met en péril la nation. Au contraire, le bon vin et les eaux de vie, produits du terroir, sont un signe de culture et de goût distingué.
 


       La bourgeoisie et ses excès au XIXème siècle.



          « Le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons ». Tels sont les propos de Pasteur, scientifique et chimiste français, pionnier de la microbiologie (XIXème siècle).
Loin d'évoquer une limite de consommation ou un danger vis-à-vis de l'alcool, cette affiche ancienne vante les mérites du vin.
L'affiche évoque même les effets bénéfiques de la boisson par des statistiques prometteuses.




         Comme d’autres pays, la France voit au XIXème siècle, sa consommation de boissons alcooliques croître dans des proportions alarmantes. La production vinicole augmente malgré quelques dégâts du vignoble, la distillation artisanale et industrielle prend de l’ampleur, le nombre des débits de production de boissons alcoolisées passe de 282 000 à 435 000 entre les années 1830 et 1900.

L’alcoolisation des adultes est bien connue à cette époque. En effet, au cours des mêmes années, la consommation moyenne de l’adulte double : elle se hausse de
15 litres d’équivalent d’alcool pur par an à 35 litres !
De même, la part des chiffres de l’alcool de distillation connaît une croissance exceptionnelle, et passe de 12 à 25%. La tendance à l’alcoolisation de plus en plus excessive est nette.


Peinture évoquant la tendance nette à l'alcoolisation 
des populations à la fin du XIXème siècle.




















        C’est à cette période qu’apparaît le terme d’ « alcoolisme ». C'est un médecin suédois, Magnus Huss, qui réunit sous ce terme, en 1849 ce qu'il appela les « manifestations pathologiques de l’intoxication alcoolique », après avoir remarqué des troubles du comportement et des anomalies physiques dans la population de Stockholm qui consommait régulièrement des quantités excessives d'alcool.

Puis, en France, Pierre Fouquey, psychiatre, a également étudié longuement l'alcoolisme et ses effets psychiques sur les populations. Il est considéré comme l'inventeur de l'alcoologie moderne en France. Il disait : « un alcoolique c'est quelqu'un qui a perdu la liberté de s'abstenir de boire ».



        Plus tard, au commencement de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français et l'armée considèrent que l'alcoolisme est un fléau. En effet, dans les tranchées, la consommation est importante. Les Poilus souffrent de conditions atroces et inhumaines. De plus, les rationnements ne sont pas assurés régulièrement. Les nuits sont très dures, les soldats ne se reposent jamais et sont toujours sur le qui vive. Les soldats vivent dans l'angoisse constante de la prochaine attaque. Ainsi, la consommation de certains produits tels que la drogue et notamment l'alcool, se répand largement. C'est l'occasion pour les combattants d'évacuer cette angoisse omniprésente.


Affiche annonçant la suppression de l'absinthe
en France le 7 
janvier 1915.

Aussi, en 1915, le gouvernement Français interdit la production et la consommation d'absinthe, prétextant la présence d' un produit psycho-actif, la thuyone. Cette molécule très convulsive, provoque des sensations de désinhibition et peut donner lieu, à fortes doses, à d'importantes hallucinations.











« Je viens plaider la cause d'un moribond ! », affiche condamnant la production et la consommation d'absinthe en France.




         Néanmoins, l'interdiction de la production et de la consommation de l'absinthe, autrement appelée la « Fée verte », n'est pas efficace. Et ce, d'autant plus, qu'en cette période de guerre, l'alcool est fortement consommé par les soldats. De plus, les milieux viticoles défendent l'idée que le vin est un aliment sain, à ne pas confondre avec les alcools forts, distillés. Par conséquent, la production d'alcool progresse nettement.
 



           « L’alcool ! Voilà l’ennemi ! » Affiche de Frédéric Christol imprimée en France en 1910, luttant contre la consommation d’alcool et plus particulièrement la consommation d’absinthe.






         Quelques années après la Seconde Guerre Mondiale (de 1939 à 1945), une nouvelle attitude de responsabilisation des consommateurs apparaît, portée par Pierre Mendès France et Robert Debré. L'alcoolisme est enfin reconnu comme une maladie. En 1954, un Haut Comité de lutte contre l'alcoolisme est créé. On propose alors des « cures de dégout » pour y remédier.
Des mouvements se fédèrent en ligues « anti alcooliques ». Dans les années-soixante, la lutte contre l'alcoolisme est véritablement institutionnalisée au niveau de l’État, et plus tard, il y a de véritables communications et publicité anti-alcool. Pour la première fois, les messages publicitaires ciblent toutes les classes sociales, les campagnes d'affichage s’adressent à tous, sans aucune distinction. Des affiches de prévention mettant en avant les risques sanitaires et sociaux d’une consommation excessive sont accrochées partout dans les lieux publics, le métro... Le slogan « Santé, Sobriété ! » de Pierre Mendès France apparait très régulièrement.
C'est une rupture avec les campagnes publicitaires précédentes, qui avaient pour cibles les classes populaires, et les classes sociales plus défavorisées. 









  Affiche de prévention sur les risques de la consommation d'alcool, créée par le mouvement anti-alcoolique de Pierre Mendès France, en 1960.





     







                                 Affiche présentant la ligue internationale 
      française contre l'alcoolisme.





       A la fin du XXème siècle, l’alcoolisme est devenu une question de société, avec des campagnes de prévention de plus en plus présentes. Toutefois, on remarque que le phénomène ne régresse pas pour autant.

B) Croissance et mondialisation depuis 1850.


        Depuis le milieu du XIXème siècle, le monde a connu des bouleversements économiques d'une ampleur inégalée. Malgré les crises et les périodes de dépression, l'industrie et les services ont porté la croissance des économies et ont assuré une élévation du niveau de vie des populations sans précédent.
Phénomène ancien, la mondialisation a connu un premier apogée entre 1880 et 1914 avant de prendre une ampleur considérable un siècle plus tard. Si la mondialisation peut accompagner la croissance, elle pénalise certains pays mal intégrés dans le processus.

On appelle mondialisation un phénomène qui se caractérise par l'accroissement et l'internationalisation des échanges de tous ordres. Cela peut être des marchandises, des services, des capitaux, des informations diverses ou encore des personnes.

Entre 1850 et 1940, l'Europe puis d'autres pays comme les Etats-Unis et le Japon, connaissent une formidable croissance économique grâce à l'industrialisation. Ce phénomène, fondé sur deux révolutions industrielles successives et importantes, a entraîné la transformation de la société. Face à l'apparition d'inégalités sociales, de nombreuses réflexions ont été suscitées afin d'améliorer la société.

Cependant, cette croissance exceptionnelle ne sera pas uniquement bénéfique. Ainsi, de nombreuses crises surviendront au cours des siècles suivants telles que la « Grande Dépression » de 1873 à 1896, la « Dépression » des années 1929 à 1939, et enfin la crise du milieu de 1970 avec deux chocs pétroliers consécutifs.
Autre conséquence non négligeable, l’intensification des échanges, avènement de la mondialisation. Ce processus c’est d’ailleurs déroulé en 3 étapes distinctes : premièrement, l’économie monde britannique (fin du XIXème siècle) ; puis, l’économie monde américaine (après la Seconde Guerre Mondiale de 1939 à 1945) ; et enfin, l’économie monde multipolaire depuis les années 1990).

  • Une période de très fort accroissement économique qui participe à l’essor du marché alcoolique :
En Russie, l’industrialisation participe fortement à l’essor du marché de l’alcool. En effet, il y a une surproduction de boissons alcoolisées et notamment de vodka. A cette époque, les prix de ces boissons sont relativement bas, ce qui explique l’alcoolisation massive des populations russes.
  • Des crises récurrentes qui reviennent de façon régulière :
      Au cours des derniers siècles, les crises économiques causées par des phénomènes naturels (tels que des sécheresses, des cataclysmes) ont côtoyé des crises purement financières. Les crises financières sont causées par l'homme uniquement et ont des origines qui sont souvent les mêmes.
Les périodes de crises économiques et financières sont des moments difficiles à vivre. En effet, celles-ci affectent considérablement le niveau de vie des ménages, et réduisent sensiblement leur consommation. Cette baisse de consommation est le résultat du suréquipement des foyers, de la raréfaction des innovations technologiques et notamment de la hausse des prix des matières premières. Par conséquent, on aurait pu penser que la production et la distribution d'alcool aurait profondément diminué. Or, c'est exactement le contraire. Du fait de leur malaise et de l’encontre avec des périodes de vies difficiles, ces derniers se mettent à boire plus régulièrement et l’alcool est alors perçu comme une échappatoire.


En résumé : on constate donc qu'à travers le temps, la place de l’alcool au sein de nos sociétés, la prévention, et la vision de l'alcoolisme a largement évolué. La place de l'alcool s'est modifiée plus ou moins selon les évènements aussi bien culturels, politiques et économiques. 
Il est difficile aujourd'hui de donner un chiffre du taux d'alcoolisation en France. L'Insee considère à cinq millions le nombre de Français ayant un comportement problématique avec l'alcool et estime à deux millions le nombre de personnes dépendantes. L'Insee estime le chiffre moyen de 12 litres d'alcool consommés par personne et par an, ce qui équivaut à un peu moins de trois verres d'alcool par jour.
Bien qu'en baisse, la consommation d'alcool en France reste l'une des plus importantes d'Europe et a donc toujours un taux de morbidité (cause de maladies) et de mortalité importants.

2) Actuellement, le taux d’alcoolisation diminue progressivement, mais il ne cesse de s'accroître chez les jeunes de 12 à 18 ans !


        On observe de nos jours une baisse à la consommation d'alcool en France. Ceci est notamment dû aux campagnes de prévention et autres mesures prises par le gouvernement.

       Nous décidons de comparer, à l'aide des graphiques suivants, la situation de la population française en générale et le cas des jeunes de 12 à 18ans, afin d'évaluer leur consommation d'alcool.


















Ce graphique représente la baisse de la consommation d’alcool pur par jour (en gramme), de la population française en général, depuis les années 1970, d’après l’INSEE.
La courbe chute de 45 grammes d'alcool pur journalier en 1970 et atteint environ les 27 grammes en 2005 ! La différence de taux de consommation est énorme. En seulement une trentaine d'années, le taux moyen de consommation d'alcool par personne et par jour a diminué de 18 grammes ! Le résultat reste à exploiter. Toutefois, on peut affirmer que cela est dû majoritairement à la prise de conscience des risques liés à l'absorption d'alcool. Et également, grâce aux mesures de prévention prises par le gouvernement français aujourd'hui (en terme de sécurité routière...).

Si ce taux d'alcoolisation moyen en France ne cesse de diminuer, il n'en est pas de même chez les jeunes âgés de 12 ans et plus !

















        Ce deuxième document ci-dessus représente l’augmentation (en pourcentage) de l’alcoolisation des jeunes par tranches d'âge de 12 à 18ans, selon le type de boisson consommée.
Contrairement au premier graphique, on constate que la consommation d'alcool s'accroît nettement chez les jeunes. Par exemple, chez un individu de 18ans, le pourcentage de consommation de vin est le plus important : ceci s'explique par le fait que le vin aujourd'hui est beaucoup plus alcoolisé qu'autrefois. En effet, de nos jours, le taux d'alcool dans le vin est de 14 degrés environ, alors qu'il ne dépassait pas les 9 degrés auparavant.
On note également que les alcools forts du type vodka, manzana, sont les plus prisés chez les jeunes adultes : 64% des individus âgés de 18ans consomment ce type de boissons.

En opposant ces deux graphiques, on peut conclure, que même si la consommation d’alcool des Français demeure largement en baisse depuis une trentaine d'années (environ 27g par jour), il n’en n'est pas de même chez les jeunes. Au contraire, on remarque que le taux d’alcoolisation des adolescents compris entre 12 à 18ans augmente nettement et rapidement, de façon très préoccupante.


Dans les parties suivantes, nous essayerons de justifier l'alcoolisation excessive et précoce des jeunes.

A) L’adolescence, une période charnière et difficile.


        L'adolescence est une période délicate de recherche d'identité, d’accomplissement de soi. Outre les changements physiques, de nombreux changements psychiques ont lieu chez l’adolescent. Cette période de transition entre l’enfance et la vie adulte, peut être mal vécue. En effet, lorsqu’il était petit, l’enfant était très protégé et sous l’autonomie de ses parents. A l'inverse, le passage à la vie adulte est synonyme d’indépendance. Au cours de son adolescence, le jeune grandit, construit pas à pas, en trébuchant parfois, son autonomie affective et relationnelle. L’adolescent, avant de rejoindre le monde des adultes, s'oppose bien souvent à son entourage, et notamment à ses parents.

L'adolescence est de plus une période d’expérimentation. De ce fait, la plupart des adolescents font l’expérience de l’alcool. Celui-ci apparait comme une solution qui s’offre aux adolescents pour affirmer leur originalité, leur singularité et leur autonomie. L’absorption d’alcool chez les jeunes est un « rite » de passage à la vie adulte. C’est en se confrontant aux dangers du produit qui peut même être mortel, que l’adolescent teste ses capacités et ses propres limites, et qu’il s’affirme parmi les autres. Autrement dit, l'adolescent prend réellement conscience de devenir un adulte. 



B) Des comportements qui évoluent au fil du temps.


      Les mœurs et les attitudes face à la consommation d’alcool ont beaucoup évolué depuis la Révolution industrielle et en général. Il y a quelques décennies, consommer du vin par exemple, était une des habitudes les plus ordinaires de la vie quotidienne. De ce fait, l’alcool était une boisson hygiénique et possédant de nombreuses vertus du fait de son origine naturelle. Ce fut d'ailleurs une boisson recommandée par les plus reconnus, tel que Pasteur, pionnier français renommé de la microbiologie du XIXème siècle.
     Aujourd’hui, grâce à l’apparition de nouveaux types alcools, et de nouvelles techniques de production, le marché s’étend et ce sont les jeunes qui en subissent les conséquences. La consommation d’alcool fait ainsi, de nos jours, partie intégrante du « mode de vie » des adolescents.
       Deuxième idée essentielle à souligner, le premier contact des jeunes avec l’alcool est de plus en plus précoce, l’âge moyen étant de 12/13 ans (près d'un quart des personnes interrogées ont commencé à boire de l'alcool selon notre enquête). Effectivement, à l’origine, la plupart des jeunes ont été initiés très tôt à la consommation d’alcool, notamment de vin, par leurs parents lors de célébrations festives telles que les naissances, mariages... La France étant un pays dont l’éducation est étroitement liée aux plaisirs des mets et des vins. Ils ont donc eu un rapport familial à l’alcool et se sont petit à petit détachés de leur éducation pour découvrir seuls de nouveaux modes de consommation. Selon le sondage que nous avons effectué dans le lycée, 67% des jeunes compris entre 15 et 18ans déclarent boire de l'alcool en compagnie de leurs parents et/ou d'amis.
         Chez les jeunes, on observe que les modes de consommation ont aussi évolué. La façon de faire la fête est différente : la tendance est au « binge drinking », appelée aussi « bitume express ». Cette pratique récente qui nous vient de Grande Bretagne consiste à ingérer de grandes quantités d’alcool en un laps de temps pour atteindre l’ivresse. Ce phénomène est plutôt considéré comme masculin, mais de plus en plus de filles y adhèrent. Les seuils de consommation sont de quatre verres d’alcool ou plus, en moins de deux heures pour une fille, et moins de cinq heures pour un garçon, mais les consommations sont en général beaucoup plus importantes.
        En France, la moitié des jeunes de 17 ans ont pratiqué le binge drinking au cours des trente derniers jours et ce phénomène ne cesse d'augmenter. Cette pratique a pourtant de lourdes conséquences néfastes sur la santé des adolescents (diminution des capacités d’apprentissage et de mémorisation à long terme, impulsivité accrue, impact sur l’apprentissage des émotions, l’anxiété et l’humeur) et augmente les risques de dépendance par la suite.
En outre, chaque semaine, 7 jeunes âgés de 18 à 24 ans perdent la vie sur les routes de France dans un accident lié à l'abus d'alcool et plus de 27 sont blessés.



L’alcool est la première cause de mortalité chez les jeunes que ce soit de façon directe ou indirecte (exemple de façon indirecte : accident de la route causé par un individu alcoolisé et faisant des victimes sans aucun gramme d’alcool dans le sang).  


C) L’alcoolisation est le signe d’une société de plus en plus dépressive.















       La dernière décennie a vu émerger une société dite « dépressive », menacée d’implosion, où l’individu, en l’absence de tout projet et de toute dimension extérieure à lui même, se trouve ramené à sa seule subjectivité. Il est alors tenu de considérer celle-ci comme le commencement et la fin de tout idéal de vie. C’est grâce à ce phénomène contemporain que nous pouvons expliquer notre alcoolisation excessive aujourd’hui.
Boit-on pour oublier ? L’alcool est ainsi considéré comme une porte de sortie, une échappatoire. En effet, les jeunes sont épuisés de la morosité de leur quotidien et fuient cette société en s’alcoolisant le plus fréquemment en fin de semaine, entre amis. Ils peuvent ainsi s’y « défoncer » et relâcher ainsi les responsabilités, et le surplus de pression des études.


D) Des facteurs de consommation variés mais directement liés à difficultés affectives, relationnelles, et sociales.


        Des études épidémiologiques montrent que certains jeunes sont plus vulnérables que d’autres.
En effet, les résultats montrent que la consommation d’alcool est nettement plus importante chez les adolescents élevés dans des familles désunies et ayant connu des « problèmes affectifs » précoces. De même, les enfants présentant ou ayant présenté des difficultés scolaires, problèmes familiaux (fugues, bagarres, vols, renvois de l’école) sont plus vulnérables à la consommation d’alcool que les autres.
Selon notre sondage dans le cadre du lycée, on observe que 33% des personnes interrogées avouent boire seules, ce qui traduit un certain malaise moral.
Par ailleurs, les jeunes issus de l’enseignement technique et professionnel et les jeunes issus de milieux plus défavorisés, ont des comportements de consommation plus risqués (une consommation plus élevée, davantage d’ivresse). Enfin, l’influence familiale constitue un élément important dans la consommation d'alcool d'un individu.

















        Le graphique ci-dessus, montre l’évolution du nombre de mariages et de divorces depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945. On observe que le nombre de mariages est beaucoup plus important que le nombre de divorces. La courbe des divorces commence a partir des années 1950 environ. Toutefois, la courbe du nombre de divorces augmente progressivement depuis les années 1970, ce qui montre que le nombre de couples divorcés est de plus en plus important, et que l’écart entre la courbe du nombre de mariages se fait moins nettement qu’auparavant.

















       D’après ce graphique de l’INSEE, analysant le boom de la monoparentalité entre 1962 et 2005, nous pouvons constater qu'en 43ans, le nombre de familles monoparentales a été multiplié par 2,6. C'est à partir de 1982, que la monoparentalité a connu une forte croissance, passant ainsi de 870 000 à 
1 800 000 familles monoparentales en 2005.
Ainsi, les adolescents issus de familles récemment divorcées ou vivant avec un seul parent (famille monoparentale), sont également des sujets vulnérables aux problèmes de consommation excessive d’alcool.

E) Boire de l’alcool résulte d’une volonté de s’intégrer au groupe.


        L’alcool peut être ressenti comme un facteur de cohésion sociale. Un jeune va boire de l’alcool pour ressembler à ses amis, et pour pouvoir ainsi s’intégrer au groupe de pairs. Il est donc influencé à la consommation par les autres adolescents, et pour donner à ses camarades une « bonne image » de lui. Ainsi, 21% des individus que nous avons interrogé consomment de l'alcool pour ne pas être mal vus par les autres personnes dans le cadre d'une fête.
Si le jeune n’obéit pas aux pressions du groupe de pairs, il est susceptible d’être sanctionné, et ainsi exclu. S’opère alors autour de l’individu concerné une sorte de processus de stigmatisation : une « étiquette » lui est ainsi attribuée.
         Le « binge drinking » ou « bitume express » que nous avons défini précédemment, est un mode de consommation de plus en plus adopté chez les jeunes. C'est un phénomène nettement masculin, mais aujourd'hui il se popularise profondément et de plus en plus de filles y adhèrent. En effet, ce qui sous entend le binge drinking, c'est la volonté de s'intégrer au groupe. Et cela est valable pour les filles comme pour les garçons.



F) Les croyances des jeunes vis-à-vis de l’alcool.


       On observe que les jeunes se mettent à consommer de l’alcool en raison de diverses "croyances" et vertus soit-disantes proférées par celui-ci. Ainsi, d’après les jeunes, l’alcool « désaltère, réchauffe, rend plus fort et réconforte » en cas de souffrances affectives et problèmes divers. De même, il attribue au consommateur de « meilleurs » réflexes, et l’aide à reprendre confiance en effaçant tout complexe ou bien la timidité par exemple. Or, toutes ces théories se sont révélées fausses.
Ainsi, l'alcool devient un bon compagnon de jeu qui soulage et redonne de l'espoir. Il semble se substituer aux médicaments.



        Pour conclure, on constate que l'alcool connait un grand succès de nos jours, notamment auprès des jeunes qui assimilent en général ce produit à la fête.
Les adolescents consomment de l'alcool de plus en plus tôt et dans des quantités excessives. Ceci s'explique par l'évolution des mentalités et de leurs modes de consommation telle que la pratique du binge drinking par exemple. Ainsi, selon notre enquête au lycée, 62% des individus pensent que la façon de faire la fête a changé par rapport à autrefois. Et près de 40% pensent que l'alcool est indispensable pour passer une bonne soirée.